Dans le cadre de l’un de mes cours de pré-professionnalisation, j’ai récemment été amenée à rédiger le portrait de l’une de mes camarades. Exercice si plaisant et enrichissant que je me permets, suite à son accord et dans la préservation de son anonymat, de vous le partager.
Alors que la jeunesse est régulièrement mise en cause, présentée comme irresponsable, nombriliste et désinvolte, c’est une toute autre vision que nous donne à voir Laurine, 19 ans, étudiante en double cursus d’histoire et de science politique à Paris 8.
Virée de son école primaire à l’âge de trois ans car elle empêchait ses camarades de dormir, Laurine n’en est pas devenue une délinquante pour autant et s’illustre au contraire par sa droiture et son perfectionnisme. Rapidement contrainte par sa situation géographique à s’autonomiser, c’est seule que cette annécienne aborde de plein front sa nouvelle vie d’étudiante au cours de l’année de 2017 ; et c’est sans chômer que cette dernière réussit à valider brillamment son année. Toutefois, outre son goût pour les études la motivant dans son investissement scolaire, Laurine n’en reste pas moins pragmatique et m’avoue sans aucune gêne être avant tout motivée par la lucidité quand à la nécessité d’obtenir un diplôme de nos jours, pour réussir et s’épanouir professionnellement.
Par ailleurs, Laurine attache également une attention toute particulière à son enrichissement culturel, qui passe à la fois par les livres qu’elle dévore avidement, tel que celui d’Eric Emmanuel Schmidt, intitulé Concerto à la mémoire d’un ange qui l’a beaucoup marqué ; ou bien par les balades qu’elle effectue dans Paris, que ce soit le long des quais de Seine ou dans le quartier latin, lorsque le temps s’y prête.
Soucieuse de l’écologie, comme c’est le cas pour une bonne partie de sa génération sans cesse confrontée aux enjeux climatiques et autres scandales sanitaires, son alimentation se veut en conséquence respectueuse du monde qui l’entoure. De ce fait, malgré les contreparties économiques liées à cet engagement idéologique, cette dernière a complètement bannie la viande de son sac de course et essaye un maximum de consommer localement.
Toujours aussi affligeante notre jeunesse ? Ou bien victime d’une stigmatisation extrêmement réductrice ?
Pour ce qu’il s’agit des plus récalcitrants, sachez que Laurine s’est également beaucoup investie à titre personnel dans le milieu associatif, apportant par exemple son aide dans le cadre d’Entraide jeune, à deux enfants issus d’une famille kosovare réfugiée politiquement. D’autre part, c’est dans cette même optique qu’elle participe aujourd’hui avec enthousiasme au programme des Cordonniers de la réussite dont la volonté première consiste à promouvoir l’université au près de lycéens volontaires en zone d’éducation prioritaire. A raison d’une fois par semaine, Laurine se rend donc au lycée d’Eugène Delacroix à Drancy pour y organiser des petits ateliers visant à aider ces adolescents parfois perdus, dans leur prise de décision et pour les aider à identifier leurs goûts et envies. Comme de nombreux « jeunes », elle met ainsi un point d’honneur à se rendre utile et souhaite rétablir cette vision si péjorative des banlieues qui n’a de cesse d’empirer en raison du climat de peur qui touche de nombreux pays occidentaux impactés par le terrorisme.
Laurine s’étonne d’ailleurs toujours de ces nombreux clichés peuplant l’imaginaire collectif autour de l’université dans laquelle elle étudie, en raison de son implantation géographique. Contre cet avis commun, elle tiens à mettre en avant la bienveillance qui règne dans cette faculté et se dit même profondément « touchée » par l’atmosphère chaleureuse et tolérante qui s’en dégage.
De nature calme, Laurine, à l’hygiène de vie implacable semble donc bien loin des stéréotypes sur la jeunesse ponctuant le discours de nombreux individus, relayés par les médias à grande écoute, à l’heure où la simple évocation de la jeunesse fait soupirer. Elle incarne à elle seule cette majorité pourtant réduite au silence, d’adultes en devenir qui se cherchent et attachent de l’importance à la découverte ; alors même que personne ne semble susceptible de croire en eux. Une jeunesse qui, aidée par un accès grandissant à l’information, continue de lire et de se cultiver, sans pour autant en oublier ses ancêtres ou se replier sur elle-même à la moindre occasion.
Enora Forestier